L’immanquable
Par Brian G.Gelfand, TCW, Vice-président principal, Obligations
Il faut bien admettre qu’il était quasiment impossible d’avoir manqué les événements historiques qui se sont déroulés en 2020. Et pas des moindres, à commencer par une pandémie mondiale, la mise à l’arrêt de l’activité économique, la volatilité des marchés actions, le confinement forcé de la population, la paralysie des marchés de la dette, des plans de relance monétaire et budgétaire sans précédents, la reflation des prix des actifs, Tesla, Bitcoin, Robinhood, HTZ, les Special Purpose Acquisition Companies, sans oublier une élection, des cyberattaques. Presque impossible en effet.
Imaginons cependant qu’un investisseur du marché des titres à haut rendement observant les marchés du crédit le 1er janvier embarque à bord d’un engin envoyé sur Mars par SpaceX pour revenir sur Terre le 31 décembre et observe à nouveau les marchés: qui pourrait donc lui en vouloir de penser qu’il n’a pas manqué grand-chose pendant son absence? Pas grand-chose en effet mis à part, peut-être, la «tonte» des coupons et le resserrement supplémentaire des spreads. Dans cette réalité alternative, la capitalisation boursière de TESLA peut paraître justifiée… pardonnez-moi cette digression.
La démonstration ci-dessus a pour but de décrire les parallèles que l’on peut dresser concernant le régime de valorisation en vigueur sur le marché du haut rendement entre le début et la fin de l’année. Les option-adjusted spreads (OAS) sur les obligations à haut rendement se sont creusés au point d’atteindre en à peine quelques semaines des niveaux qui remontent à la crise financière mondiale, pour se resserrer et finir l’année à 25 points de base (pdb) des niveaux affichés au 1er janvier. La boucle est bouclée comme l’expliquait ma collègue Tammy Karp dans son tout dernier rapport consacré aux marchés des crédits investment grade.

Performance du marché
Le mois de décembre peut être considéré comme un simple prolongement de la hausse des actifs risqués observée en novembre avec une nouvelle compression des hurdle rates, les investisseurs se livrant (apparemment) à une chasse indiscriminée au rendement. La dynamique a considérablement ralenti en novembre. Après avoir affiché des rendements proches de 4% en novembre (les obligations CCC générant un rendement à peine croyable de 6,3%), on pardonnera aux obligations à haut rendement de n’avoir progressé que de 1,88% en décembre. Cette dynamique à la fin de l’année a propulsé les rendements annuels des obligations à haut rendement à +7,11%, soit à 80 pdb du coupon annuel de l’indice de haut rendement en début d’année.



Facteurs techniques
Les fonds à haut rendement ont enregistré quelques rachats en décembre d’un montant de 884 millions de dollars pour finir une année de tous les records s’agissant des afflux de capitaux investis dans la classe d’actifs. Les fonds communs de placement à haut rendement et les ETF ont reçu 47 milliards de capitaux en 2020, contre près de 25 milliards de décollecte jusqu’au 23 mars, date à laquelle la Fed avait mis en place ses facilités de prêt à l’attention des entreprises. À partir de ce tournant, plus de 70 milliards de dollars de liquidités ont été investis sur le marché des obligations à haut rendement, attirés par les rendements (relatifs) élevés offerts par ces titres.


Tendances fondamentales
Le taux de défaut a diminué à la fin de l’année après une hausse des restructurations causée par la pandémie. Au total, 109 entreprises ont fait défaut (ou réalisé des échanges de titres de dette avec décote) sur des obligations et des prêts en 2020, ce qui donne un taux de défaut annuel de 6,4%, le deuxième taux le plus élevé sur 12 mois. À la fin décembre, les marchés boursiers ont toutefois rouvert pour la grande majorité des emprunteurs en difficulté/décotés qui ont survécu. Moins de 3% des obligations à haut rendement affiche actuellement des spreads de 1’000 pdb (un baromètre permettant de connaître la part des emprunteurs à haut rendement qui n’ont pas accès aux instruments de financement traditionnels). Même les emprunteurs bénéficiant de taux inférieurs à 3% parviennent à accéder à de nouveaux capitaux en négociant des solutions innovantes directement avec les prêteurs (TCW compris), en proposant généralement de gager des actifs non hypothéqués d’une grande valeur. Ces solutions de financement devraient s’inscrire dans la durée, notamment en cas de reprise lente et moins homogène post-pandémie, ce qui constituerait un contexte particulièrement favorable aux investisseurs proactifs pour confectionner des rendements corrigés du risque intéressants (et différenciés).

Publication – Investir.ch – 10 février 2021
Prosper News
Découvrez les derniers commentaires et analyses des gérants des fonds
Prosper Stars & Stripes – Revue des résultats du premier trimestre 2025
Prosper Stars & Stripes : Revue des résultats du premier trimestre 2025 - Christopher Hillary, CEO de Roubaix Capital et gérant du fonds. Au premier trimestre 2025, Prosper Stars & Stripes était en baisse de -9.7% contre une performance de -9.5% pour le marché...
TCW – Point de vue Q1 2025
TCW - TALKING POINTS Q1 2025 Le groupe TCW commente le marché du premier trimestre et livre ses perspectives pour l’avenir. Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire le point trimestriel de TCW (en anglais) :Prosper News Découvrez les derniers...
Prosper Stars & Stripes – Revue des résultats du quatrième trimestre 2024
Prosper Stars & Stripes : Revue des résultats du quatrième trimestre 2024 - Christopher Hillary, CEO de Roubaix Capital et gérant du fonds. Au dernier trimestre 2024, Prosper Stars & Stripes était en hausse de 2.6% contre une performance de 0.3% pour le marché...